Des espaces autres: L’altérité spatiale dans l’utopie australe de l’âge classique

  • Alex Bellemare

Resumo

L’imaginaire et la pensée des XVIIe et XVIIIe siècles ont été profondément bouleversés par la découverte des Nouveaux Mondes et le contact avec certaines civilisations extra-européennes. Cette dilatation de l’espace géographique entraîne un double mouvement d’exploration scientifique et d’invention fictionnelle. Les représentations littéraires de l’espace à l’âge classique exploitent précisément les zones d’ombre de la mappemonde en pleine réécriture. Le récit de voyage utopique construit, totamment, de nouvelles configurations territoriales, qui se situent entre le référent topographique réel et l’affabulation romanesque. En particulier, le continent austral, espace d’altérité par excellence que le savoir géographique de l’époque rend plausible mais dont l’existence n’a pas encore été empiriquement vérifiée, constitue un mythe durable et une matière littéraire de premier ordre. À partir de trois utopies qui mobilisent le mythe de la terra australis incognita (Veiras, Foigny, Tyssot), le présent article cherche à définir les relations souvent conflictuelles qui articulent représentation et non-lieu. Entre mesure et abstraction, la description des ailleurs imaginés ne va pas de soi. L’utopie, qui fonctionne sur le modèle des relations de voyage véritables, négocie le problème de la figuration spatiale selon au moins trois modalités : soit le descriptif avorte, soit la description s’appuie sur un déjà-lu ou soit la description se subordonne au narratif.

Publicado
2013-01-01